Chantal Akerman, “Now”, Chaos présent de l’image

Chantal Akerman, Now (2015),
installation vidéo HD, 5 rétroprojections sur écran acrylique, 2 projecteurs couleur au sol, 5 bandes son mono et stéréo, objets divers, en boucle. © Rebecca Fanuele. Courtesy Fondation Chantal Akerman & Marian Goodman Gallery.
     Il faut se souvenir des images, des autres images, celles D'Est, de Sud, de De l'autre côté, et puis celles entrevues à travers la fenêtre close, le rideau fendu de Là-bas. Se souvenir des images, de leur fixité, de leur durée, de leur lenteur, puis de leur lent mouvement dans le cadre. Se souvenir du cadre cinématographique de Chantal Akerman. Même si le film sest fait installation, même si le montage cinématographique sest fait montage démultiplié, repris, par écran et d’écran en écran, en répétitions en boucles de l’image, dun «revoir» l’image ici et ailleurs dans un temps discontinu. Now, montré à la galerie Marian Goodman (1), à Paris, cet automne, ponctue une fin de l’image, son essoufflement, son effacement, l’impossibilité du cadre. «Maintenant » est une vitesse, une accélération du temps que ne peut plus contenir le plan cinématographique.
«Maintenant» n’a plus d’«ici» pris dans un perpétuel désert. Akerman filme de la fenêtre d’une voiture, le montage s’affole, et la bande-son se sature de sons, de bruits, de violences, de cris, de  voix, de guerre, d’une pause imperceptible d’un son d’autrefois: c’est un maelström sonore et visuel. Le film est un vertige. L’installation est un vertige, horizontal, avec cette étrange position du spectateur, de la spectatrice de pouvoir (cest bien d’un pouvoir du spectateur.trice dont il s’agit) d’entrer à l’intérieur de ce chaos présent de l’image, de l’effleurer, et de pouvoir en sortir.
Le temps d’une rétrospective s’est invité. La Cinémathèque française l’a ouverte le 31 janvier 2018.

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